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Journal des benêts
20 mars 2012

"Est-ce que ce monde est sérieux ?"

 

CO2Pour ceux qui ne regarde que la télévision et ne lisent pas les journaux : Le Parlement européen a décidé d’augmenter les importations de viande de bœuf américaine et canadienne. Selon les éleveurs français, l’Europe poursuit ainsi son œuvre de sape et de découragement de la production (Aujourd’hui en France du 15 mars 2012).

En revanche l’Europe cherche à imposer à toutes les compagnies aériennes qui volent dans le ciel européen la taxe carbone. C’est très mal vu par les Etats-Unis et les pays émergents, surtout la Chine qui menace de revenir sur sa commande de 45 Airbus. (Le monde du14 mars).

Il serait facile de leur rétorquer que leur développement et leur croissance sont dues en grande partie à leurs exportations vers l’Europe et principalement vers la France, et que l’on pourrait les menacer également de les boycotter.

Mais encore faudrait-il que nous en soyons capables. Dans Aujourd’hui en France du 15 mars, le fondateur d’Archos, fabricant français de tablettes tactiles y précise que notre savoir faire est parti et qu’il ne reviendra plus. Quand on pense que François Bayrou veut consacrer 10% du budget européen aux nouvelles technologies ; c’est un peu tard, il y a belle lurette que la Chine et l’Inde nous ont dépassés dans ce domaine, et ils ne sont pas prêts de s’arrêter. Merci les prêtres de la mondialisation ! Voir le blog « La malhonnêteté des médias ».

C’est l’occasion de revenir sur l’affirmation stupide de ces « experts » selon laquelle nos importations proviendraient en majorité de l’Allemagne et non de la Chine. Allez dans n’importe quel supermarché et regardez d’où proviennent 80% des marchandises : de Chine. Et en effet lorsqu’un produit allemand est fabriqué à 90% en Chine et 10% en Allemagne, il est comptabilisé dans les importations en provenance de l’Allemagne, mais sur la boite ou l’étiquette, c’est bien marqué «Made in China ». Le problème c’est que ces soi-disant experts ne font pas leurs courses eux-mêmes, où plutôt comme il est dit dans « Les nouveaux chiens de garde », ils sont grassement payés pour dire le contraire de ce qu’ils pensent.

Revenons également sur notre capacité à exporter notre haute technologie, par exemple des Airbus. Ça n’empêche pas nos 75 milliards d’euros de déficit de la balance commerciale ! Mais surtout, pour signer des contrats avec la Chine,  nous vendons nos Airbus « avec la technologie », ce que n’accepte pas Boeing, et ce qui signifie que dans cinq ou dix ans, la Chine sera producteur de gros courriers, qu’elle vendra moins cher dans le monde entier, et l’entreprise européenne n’aura plus qu’à fermer ses usines et pleurer de nouveaux chômeurs très hautement qualifiés.

Dans Aujourd’hui en France du 14 mars, pour Philippe Manière, qui se prétend économiste, sans doute un de ces « experts » dont parle « Les nouveaux chiens de garde », le protectionnisme, même aussi soft que celui prôné par certains candidats à la présidentielle, est « une idée réactionnaire ». La preuve, le libre-échange et l’ouverture des frontières ont fait que « ce sont les Européens qui ont le niveau de vie le plus élevé ». En effet, grâce à un colossal endettement qui va nécessiter des plans de rigueur draconiens et faire justement chuter le pouvoir d’achat.

« Le protectionnisme est une idée extrêmement minoritaire dans l’Union ». Pour l’Allemagne, on a vu pourquoi plus haut, ainsi que pour des pays comme la Pologne et la Roumanie qui profitent de bas salaires. Les autres se posent des questions. Les Etats-Unis, le Brésil ou la Chine, eux, ne s’en posent pas, ils pratiquent le protectionnisme quand ça les arrange. La Chine refuse même de vendre ses « terres rares ». Elle veut les conserver pour sa propre production, au grand dam des Américains.

« Le problème de la France c’est le manque de compétitivité » : ça signifie que les salaires sont trop élevés en France et cet « expert » voudrait bien qu’ils ne dépassent pas ceux des Roumains !

Pour terminer, parues dans « César » de mars,  deux citations de Jean-Claude Michéa, auteur du Complexe d’Orphée :

« Le ralentissement de la croissance industrielle et la baisse de leur taux de profit au début des années 70, a conduit les grandes firmes capitalistes occidentales à imposer la "liberté des échanges" à l’ensemble des pays de la planète et à démanteler ainsi toutes les frontières protectrices, et par conséquent tous les acquis sociaux que les différents états étaient parvenus à mettre en place au lendemain de la victoire sur le nazisme […]

Depuis le milieu des années 80, toute référence à la question sociale a été balayée au profit de ces seules questions "sociétales" (mariage gay, légalisation de la drogue, vote des étrangers etc.) dont la principale fonction médiatique est de maintenir à tout prix (et surtout en période électorale) cette division permanente entre  "un peuple de gauche" et "un peuple de droite" qui rend, par définition, impossible toute alliance anticapitaliste entre les différentes catégories populaires. Il est clair, en effet, que la seule chose  que redoute l’oligarchie dirigeante – cette alliance des élites économiques, politiques, et culturelles – ce serait l’émergence d’un véritable front populaire. »

Et ce n’est pas encore pour demain. C’est pourquoi nos lendemains s’annoncent très malsains.

Philippe Annaba, auteur de « Traité de savoir survivre à l’usage des jeunes générations. »

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